L’Ensemble Des Equilibres, adepte de la mobilité permanente, en concert
12 Août 2021 | Le MondeAprès son passage aux Grandes Heures de Cluny, la formation de chambre, créée en 2006, est attendue au Festival du Quercy blanc, le 13 août.
« Je ne fais pas partie des personnes qui prennent le moins de risques », estime la violoniste Agnès Pyka, pour justifier la création, en 2006, d’un collectif à géométrie variable dont le nom, l’Ensemble Des Equilibres, résume bien l’objectif. Faire bouger les lignes dans le domaine de la musique de chambre tant du point de vue des répertoires, croisés au bénéfice d’une thématique fédératrice, que de celui des formations, diversifiées au sein d’un même programme. Intitulé Femmes majeures, le concert donné vendredi 6 août lors du festival Les Grandes Heures de Cluny (Saône-et-Loire) a fourni une superbe illustration de cette démarche peu courante.
Quatre œuvres, quatre compositrices et quatre instrumentistes à cordes, jamais réunis en quatuor. Les effectifs ? Trois trios (de type à chaque fois différent) et un duo. Avec La Vie et l’amour d’une femme, magnifique trio à cordes inspiré à Graciane Finzi (née en 1945) par sept tableaux de Maurice Denis (1870-1943), d’après le célèbre cycle de lieder de Robert Schumann (1810-1856), on est d’emblée dans le vif du sujet. Trouver le bon dosage constitue une nécessité permanente. Notamment à partir d’un motif, ciblé ou brouillé par les trois instruments.
Si Graciane Finzi situe la recherche d’équilibre dans le poids des notes, son aînée Mel Bonis (1858–1937) la place, elle, dans le domaine du souffle lyrique, avec des Scènes de la forêtqui voient la harpe de Nora Lamoureux scintiller au–dessus de l’alto velouté de Cécile Grassi, tandis que le violon d’Agnès Pyka tend à réguler le flux des effusions. Tout en repos et en relances, la pièce suivante, Wild, d’Edith Canat de Chizy (née en1950), teste la capacité de réaction des membres d’un duo (l’alto mutin de Cécile Grassi et le violoncelle faunesque de Guillaume Martigné) aux amorces communes, mais aux trajectoires divergentes.
Quant au dernier opus de la soirée, un Trio d’Henriette Renié(1875–1956), dans lequel la harpe prend la place traditionnellement dvolue à l’alto, il met les interprètes au défi de la cohérence esthétique (influences conjuguées de César Franck et d’Edvard Grieg). Obtenues par hybridation des cordes pincées (harpe) et des cordes frottées (violon, violoncelle), de jolies textures assurent, en outre, que l’Ensemble Des Equilibres est bien dans son élément avec une telle partition.
Trois affiches différentes
Enclin à une mobilité permanente au cours d’un concert par la remise en question d’une pièce à l’autre des bases du dialogue instrumental, l’ensemble d’Agnès Pyka est tout aussi adepte du changement pour ce qui concerne les programmes. Trois affiches différentes se succèdent cet été. Après avoir milité pour une Sensibilité à la françaiseen juillet et invité à découvrir des Femmes majeures, un Voyage autour d’une clarinettesera proposé, vendredi 13août, à Castelnau–Montratier (Lot), dans le cadre du Festival du Quercy blanc.Pourquoi la clarinette? Parce que c’est l’instrument de Pierre Génisson, musicien avec lequel Agnès Pyka a immédiatement senti le courant passer. Et pas seulement parce que l’un et l’autre sont originaires du sud de la France, où l’Ensemble Des Equilibres est basé. «Les rencontres permettent defaire des bonds en avant», s’enthousiasme la violoniste niçoise. Sans pour autant négliger les regards en arrière, puisque Béla Bartok, Aram Khatchatourian et Alban Berg figureront au programme investi avec Pierre Génisson. En trio, bien sûr.